3 Dic 2024

Les plans de Joseph ou le projet de Dieu (Matthieu 1, 18-24)

[Evangile du dimanche, 19 déc. 2010]

Matthieu 1,18-24:

Voici quelle fut l’origine de Jésus Christ. Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph; or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement; il décida de la répudier en secret. Il avait formé ce projet, lorsque l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit: «Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse: l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire: Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.»
Tout cela arriva pour que s’accomplît la parole du Seigneur prononcée par le prophète: Voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit: «Dieu-avec-nous». Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit: il prit chez lui son épouse.

Le dernier dimanche de l’Avent est centré sur l’annonce de la naissance de Jésus. Matthieu nous le raconte selon le point de vue de Joseph, le saint juste et silencieux, fidèle observant de la Loi. L’ Évangile de Matthieu s’ouvre avec une longue généalogie des origines de Jésus: fils d’Abraham et fils de David et, par conséquence, héritier de la promesse que Dieu fit au roi David: Tout roi d’ Israël devait être descendant de lui. Suite à cette présentation, commence Matthieu le récit de l’histoire avec deux personnages: Marie et Joseph, entourés de beaucoup d’autres: le Saint Esprit, le Fils qui commence se former dans le sein de Marie, l’Ange du Seigneur…et la foule, trop même pour à peine quelques petits versets. La raison n’est autre que Matthieu est un maître de la synthèse, il préfère se centrer en ce qui est l’essentiel, nous offre des pistes pour mieux comprendre le noyau de son message, sans perdre son temps en détails pas du tout nécessaires.
Il nous donne quand même prise à imaginer le drame de Joseph. Marie avait été accordée en mariage à Joseph, selon l’habitude de l’époque, même s’ils n’habitaient pas ensemble puisqu’on devait encore célébrer leur mariage. Joseph, l’homme juste, ce que d’abord nous apprenons de lui; et juste, dans la Bible, est celui qui respecte et obéit la volonté de Dieu contenue dans les Écritures. Il aurait pu dénoncer publiquement Marie, mais il prend tout à fait une autre décision: la répudier en secret, c’est-à-dire, en privé, pour ne pas se voir exposé à donner des explications à personne.
Observons les détails: Joseph, le plus humble et silencieux personnage des évangiles, dont on nous a dit trois choses: ce qu’il ne voulait pas, ce qu’il décida et ce qu’il fit finalement. La vraie question qui jailli ici, lorsqu’à peine nous n’avons lu que deux petites expressions du récit de Matthieu, est: qui prend les décisions?, qui fait progresser l’histoire?, ce qui le patron en toute cette histoire-là?
Certes, Joseph est bien conscient d’être obéissant à Dieu, puisqu’il est juste, or il a besoin de Dieu même pour mieux éclairer son histoire, pour qu’une nouvelle lumière éclaircisse les événements dramatiques qu’il est en train de vivre. Joseph était seulement un sérieux observant de la Loi; c’est maintenant que Dieu va lui adresser une mission spéciale et très exigeante.

Une fois Joseph a conçu ses plans, lorsqu’il a réfléchi sur ses priorités et ses options qui l’ont amené à prendre sa décision, voilà que le messager de Dieu arrive en lui mettant la vie en l’air (une chose dans laquelle Dieu se montre être un professionnel). Il doit prendre Marie comme épouse, exercer de père en lui donnant le prénom de Jésus et même son nom de famille: «Descendant de David». C’est l’Ange qui lui propose les motivations que voici: «votre famille a été choisie pour porter au monde le Sauveur; c’est l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu, qui a voulu et qui a fait que l’enfant naisse».
Le nom même de Jésus nous indique sa mission, Yeshúah veut dire «Dieu sauve». Jésus, qui vient de Dieu, sauvera son peuple. Pourquoi dit-il «son peuple?»?, parce qu’il est le Roi, comme fils légitime de David et héritier des promesses. La mission de Joseph, en réalité, est très importante, puisque du point de vue juif, Jésus ne pouvait être le Messie que grâce à son «nom» hérité de son père putatif. Joseph est, vraiment, l’époux de Marie; Matthieu l’exprime à quatre reprises, même l’Ange le reprend spontanément, ne serait que pour le souligner (ne crains pas de prendre chez toi Marie, ‘ton épouse’).

Matthieu souligne, en plus, une citation du prophète Isaïe. Lorsque le prophète la prononça, elle voulait signifier l’espoir en temps de guerres et difficultés. Isaïe mettait l’accent sur le fait d’un Dieu avec eux qui ne les abandonnerait jamais. Lorsque l’évangéliste réfléchi à propos de cette citation-là il s’aperçoit du sens profond dont Isaïe ne s’était même pas rendu compte. En Jésus s’accomplit tout à fait la vérité que «Dieu est avec nous», donc il n’y a plus rien à craindre, il est venu en personne nous rendre visite à travers son Fils. Si Dieu est avec nous, que pouvons-nous craindre?
Quand Joseph se réveille, il nous montre qu’il est en vérité «juste», qu’il accomplit la volonté de Dieu, et le fait tout de suite, sans rechigner, sans rien dire. C’est ainsi que Joseph continue d’être le modèle d’homme juste, obéissant, travailleur. En dépit de son silence et grâce à celui-ci, Joseph nous manifeste une attitude de profond respect à Dieu, d’un vécu profond de sa foi. Nous ne sommes pas tous appelés à devenir comme Jean Baptiste et crier dans les déserts; les ouvriers, hommes et femmes, ils sont tous aussi appelés à accomplir une très haute mission pour laquelle Dieu les nécessite. Dans l’Église de Dieu nous y sommes tous nécessaires.

Comme Joseph, Dieu nous confie aussi une mission. C’est ce que les croyants appelons «vocation» et que jamais devrait-elle être confondue avec la vie de prêtre, religieux ou religieuse. Ceux-ci ne sont que quelques vocations, mais dans l’Église il y en a tant d’autres. Être laïc dans l’Église, c’est-à-dire, non consacré de manière spéciale, est aussi une vocation, la plus abondante, d’une grande importance. Signifie vivre la propre foi dans le quotidien, dans le lieu de travail, dans la famille, dans les décisions importantes de l’existence.
Nous faisons tous nos plans de vie, nos projets; mais Dieu arrive et il met en l’air la maison. Il nous appelle lorsque nous ne l’attendons même pas et nous pousse à lui donner une réponse. Noël, sans vouloir aller trop loin, est la célébration de la venue de Dieu au monde; ne serons-nous pas en train de domestiquer trop la fête de Noël? Et que dire de prétendre avoir Dieu trop délimité, comme emprisonné? Nous nous mettons à la portée de sa Parole? Allons-nous lui permettre de gâcher nos lotos, nos dîners, nos cotillons, nos fêtes?

(Image: José Gandolfi)

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